Astrid, le festival Sauce à Part et l’ami Covid

Astrid, tu es volontaire du CJD depuis maintenant deux ans. Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Astrid Adam, 27 ans. “Petite” passion pour la contemplation : lumière, ombre, couleurs, espaces, formes, contrastes, petites perceptions, éphémères, cycles, mouvement, leur écriture, leur représentation, leur interprétation, une poésie du quotidien… Et pour la mémoire, l’oubli, le corps, la vie,… Stop. Moi-même je me fatigue (rire).

PS: je me suis promise de ne plus me présenter par un métier, une formation (rire)

Aujourd’hui, tu vas nous parler de ton groupe d’action Sauce à Part. En quoi consiste ce projet ?

Sauce à Part plonge ses racines dans un ancien projet développé en 2018 au sein du CJD également par un groupe de volontaire dont je faisais partie, Emargence, festival entendant mettre en lumière des personnes en “marge” – c’est-à-dire telles que nous l’avions défini à ce moment-là – aux trajectoires de vie atypiques, des artistes en « décalage » avec les standards de notre société.

On a beaucoup aimé organiser ce festival, mais lors du débrief, on s’est interrogé. Est-ce qu’en pointant la marge, de quelque manière qui soit – positivement ou négativement -, ce n’est pas justement, et bien malgré nous, l’accentuer, creuser un fossé ? Est-ce que ça sonne juste ? En tout cas, nous évoluons, et essayons de nous aligner à nos idéaux.

Le projet change de terreau –  nouvelle équipe, nouvelles idées, nouveau nom 

Oui, l’idée de Sauce à Part est de réunir des artistes praticiens et des personnes ayant une pratique artistique par le biais d’ateliers au sein d’associations, de les exposer au même titre, au même public, à la même lumière.

On avait notamment prévu un workshop/atelier avant le festival en collaboration avec le Centre de Réadaptation Fonctionnelle de Mons – Impulso, travaillant l’insertion socioprofessionnelle de personnes qui éprouvent des difficultés en santé mentale.

Le festival devait avoir lieu le 4 avril, qu’en est-il ?

Je pense que je vais vous donner une exclusivité. (rire)

Alors que nous entrions dans la dernière ligne droite, nous étions à deux semaines du Jour-J, les affiches imprimées, la programmation tout juste terminée, nous sommes coupés net dans notre course !

L’annonce du gouvernement tombe : le pays à l’arrêt. En cause ? Et c’est là que je vais vous surprendre sans aucun doute, le bien nommé Covid19 entre dans la danse. Le festival malheureusement doit être reporté. Alors, quo va dis ? … Eh bien, pause ! 🙂

Est-ce que la décision d’annuler le festival a été difficile à prendre pour le groupe ? Quel est l’état d’esprit dans lequel tout s’est fait ?

Pour être vraie, au début nous étions tellement dans notre truc, et clairement nous avions un peu minimisé la venue de ce petit Covid.. Covid sonnait comme un fait divers, un coup médiatique – éteignons la télé ! On entendait les événements, les gros, ceux de 1000 personnes et plus, s’annuler tour à tour. Nous, nous étions trop petit pour être vu, cela ne nous concernait pas. Jusqu’au jour où : annonce du confinement jusqu’au 4 avril !

Le temps d’intégrer le truc… tout ne rentrera pas dans l’ordre pour le 4 avril, impossible. Face à l’incertitude, mieux vaut ne pas risquer, se mettre en pause.

Pression retombée. On verra bien. Tout est opportunité.

Coup dur quand même, on imagine. Depuis quand travaillez-vous sur ce projet ?

Nous travaillons sur ce projet depuis presque un an, depuis le 29 Avril 2019 à en croire la date de création de notre groupe Facebook. Le temps file !

Une année passée et pas mal d’énergie investie. Un projet comme celui-ci, bien que petit d’apparence, c’est comme une plante, il faut l’arroser régulièrement, sinon il meurt. Derrière se cachent donc d’indispensables nutriments pour qu’il puisse voir à terme le jour : réunions, recherche de financements, réponses aux appels à projets, rédaction de dossiers, établissement du budget projeté, un calendrier parfois dur à respecter (rire), recherche d’un lieu pour accueillir l’événement (j’en profite pour remercier Le Lac), recherche de partenaires, organisation d’un workshop, c’est également un travail de communication à part entière, graphisme, rédaction d’un appel aux artistes, des e-mails – gérer leur suivi -, et la gestion des réseaux sociaux…

Des petites choses vues de l’extérieur, qui accumulées sont assez énergivores.

Au jour d’aujourd’hui, qu’est-ce qui t’inquiète par rapport à cette annulation ?

Pour le moment, de nature optimiste, quoique je dois reconnaître et les autres seront d’accord que je suis la plus stressée (rire) !  Comme quoi, d’un groupe à l’autre notre place change !

Un de nos points d’interrogation qui persiste pour le moment, c’est la question des subsides octroyés par la Fédération Wallonie Bruxelles, les factures doivent être entrées normalement pour le mois de mai. Nous espérons que les délais vont être reconduits. J’imagine qu’à situation exceptionnelle, délais exceptionnels. Pas trop d’inquiétude, mais on va quand même anticiper les choses à ce niveau.

Nous espérons que lorsque la situation se débloquera, la nouvelle date choisie ne remettra pas en question la participation des artistes sélectionnés. Dans tous les cas, l’événement aura lieu, on s’adapte !

Par curiosité, quel est ton point de vue sur ce fameux coronavirus ?

Je dois avouer que tout ça me dépasse un peu et surtout que j’en peux plus d’entendre ce “Covid, Corona, blablablaaaa…”

Nous sommes finalement si peu de chose. Ce virus nous rappelle au combien nous sommes liés, connectés, proches, partout dans le monde, les frontières n’existent que sur le papier.

C’est “rigolo” d’ailleurs, ce virus qui s’attaque à la respiration et qui à la fois nous permet de respirer – “nous” à prendre dans le sens tout vivant (nature élargie, Homme, faune, la flore). L’univers est une machine bien rodée, tout se régule finalement. J’imagine bien qu’au-delà des vies menacées, économiquement à toutes les échelles, c’est une tragédie. Je dois reconnaître que l’économie n’est pas mon domaine de compétence. J’espère juste que le jour où la machine se remettra en route, elle se remettra en route différemment.

Bref, je m’arrête là.

Pour conclure, as-tu un message à adresser aux « fans » de Sauce à Part ?

Venez, y en a pour tous les goûts ! Et si par malheur pas au vôtre au moins, vous aurez goûté ! 😉