« L’apport du CJD, ce fût vraiment poser les bonnes questions au bon moment »

Il y a bientôt 3 ans, le projet Gala Foot rejoignait le CJD. Au départ, quelques ami.e.s se rassemblent et créent des tournois de foot interculturels. Le projet a depuis bien grandi et organise tous les mois des tournois avec des jeunes Mineurs Etrangers Non Accompagnés du centre Fedasil de Woluwe. Aujourd’hui, le projet prend un nouveau tournant avec le départ de membres fondateurs du projet. L’occasion pour nous d’interroger deux d’entre eux, Noémie et Simon, sur leur parcours et ce qu’ils retirent de l’accompagnement CJD.

Gala Foot, l’aventure commence quand ?

Noémie : Un été, où Maité et Hélène, mes sœurs, parlaient du fait qu’au scout on jouait au foot avec les gens qui trainaient près du local. C’était chouette et chill. Elles se sont dit qu’il y avait peut-être un truc à faire pour rencontrer plus des personnes migrantes et les côtoyer plus au quotidien.

Elles ont fait une première édition un peu à l’arrache (rire). Par la suite, on s’est rassemblé pour voir ce qu’on pouvait faire, quelle salle on pourrait avoir gratuitement, etc.

Simon : Pour moi ça a commencé, un peu après, au bar Ginette au Cinquantenaire, vous aviez lancé l’idée que je rejoigne l’équipe. Je voyais ça surtout comme une opportunité de partager un projet avec d’autres.

À l’époque quels étaient pour vous les défis, difficultés à surmonter ?

Simon : Il y en a deux qui me viennent en tête. Le premier défi était financier. On voulait jouer dans des conditions assez safe pour les jeunes, avoir du matos pour eux, une salle en intérieur pour l’hiver. C’était un sacré défi qui nous a pris pas mal d’énergie. Un deuxième défi auquel je pense, c’est le travail d’équipe : préserver l’engouement pour un « side project » dans la vie de chacun. Le challenge était à chaque fois de recréer la motivation avec des moments où l’on travaillait collectivement.

Noémie : Au début, le financement c’était vraiment dur parce qu’on avançait nous-mêmes la thune. On voulait « faire au chapeau », mais en même temps on ne voulait pas trop demander de l’argent aux participants. On sentait que la durabilité du projet avait ses limites par rapport au financement.

Et puis, on a eu une mauvaise expérience avec un partenaire, on a fort déchanté. Ils nous avaient promis des salles, du matériel et au premier tournoi, ils se ramènent avec plein de goodies et de la pub à donner aux jeunes. Ça ne rentrait pas dans la ligne des valeurs et de la vision collective à laquelle on aspirait. Trouver les bons partenaires fût vraiment dur.

La rencontre avec le CJD se fait totalement par hasard, dans un train ! Notre ancien collègue Jean-Hugues papote avec Maïté qui lui parle de vos difficultés. Il lui propose l’accompagnement CJD … Que vous dites-vous à l’époque ?

Noémie :  Je crois qu’on était un peu méfiant, on ne voulait pas s’engager tout de suite, on se disait : « on les rencontre et puis on voit ». On a même eu deux, voire trois réunions, où on nous a expliqué le CJD, son fonctionnement, etc. On avait l’impression qu’il y avait une attrape quelque part. On a donc testé en faisait des réunions avec Jean-Hugues.

 

Justement, vous souvenez-vous des premières réunions ? 

Noémie : Pendant la première année, on a fait de la rédaction de dossiers de subsides et le CJD a permis d’entretenir un peu l’intérêt des réunions.  JH venait toujours avec des outils d’intelligence collective. Ça m’a vachement nourri. Je savais que la réunion traitait des dossiers de subside, mais j’étais toujours intéressée de découvrir ses outils. Et je trouvais que ça amenait beaucoup d’interactions intéressantes en rééquilibrant les rôles pris spontanément dans le groupe.

 

Qu’est-ce que l’accompagnement du CJD vous a apporté ?

Simon : Le truc qui m’a vraiment marqué c’est l’énergie, relancer le groupe ; aller rechercher les gens ; prendre des initiatives en ce sens. Selon moi, c’était super important. En fait, le CJD c’était une étincelle. Quand on perdait un peu de vue le projet, le CJD arrivait à créer cette étincelle qui fait rejaillir la motivation. L’association nous a beaucoup apporté sur le fait de travailler en collectif.

Le CJD nous a aussi apporté un réseau qui nous a notamment permis d’agrandir l’équipe de volontaires et c’est d’ailleurs grâce à ce réseau que le projet va aujourd’hui survivre après notre départ.

Noémie : Pour moi, l’apport du CJD, ce fût vraiment poser les bonnes questions au bon moment. Par rapport à mes autres expériences, il y avait ici quelque chose de plus progressif, de plus naturel par rapport au rythme du projet et du groupe. J’ai trouvé ça assez balaise. C’était la première fois que j’étais dans un groupe où on n’a pas voulu imposer à tout le monde d’être impliqué de la même façon. Et c’était la première fois pour moi qu’il y avait une sorte de respect et une acceptation du désinvestissement de certaines personnes à un moment et un réinvestissement à d’autres.  Je ne trouvais pas cela facile et c’était un bel objectif à atteindre.

Quelles sont les grandes évolutions du projet ?

Noémie : Le suivi du CJD a vraiment permis de structurer le projet et une grosse étape a été atteinte avec l’obtention de financement.

Simon : Oui et on a aussi fait une formation « interculturalité » avec Iteco qui a permis d’ancrer le projet en profondeur. J’ai vraiment changé de vision envers le projet à la suite de cette formation. Cette journée m’a permis de réaliser que j’avais parfois tendance à projeter mes propres besoins sur les MENA sans avoir réfléchi à leur contexte.

Si vous pouviez citer qu’un moment marquant du projet, auquel pensez-vous ?

Simon : … Je crois… Lors d’un gala, nous avons eu une quarantaine de participants et une vingtaine de MENA. En ramenant les MENA au centre Fedasil, les personnes responsables du centre nous ont dit que les jeunes étaient revenus ravis de l’activité. Cela m’avait vraiment fait chaud au cœur. (sourire)

Aujourd’hui vous quittez tous les deux le navire après deux voire trois belles années d’aventure. Qu’en retenez-vous et qu’espérez-vous pour la suite ?

Noémie : Moi je n’ai pas l’impression de quitter le navire parce que j’espère bien revenir aux galas les weekends où je reviens en Belgique ! Et je souhaite à la nouvelle équipe longue vie et d’avoir d’aussi riches réflexions que nous à la formation.

Simon : j’en retiens le bonheur de travailler avec d’autres sur un projet commun et j’espère que les nouveaux vont bien profiter de ça aussi grâce à Gala Foot !