Charlène : « Soudain, c’est l’éclair, la folie… »

Le Voyage Emargence commence dans les bureaux du CJD, autour d’une table avec Jean-Hugues, Carine et Charlène.  On y évoque l’idée d’un évènement festif, solidaire et unique et puis on se dit « pourquoi pas ? On y va ? »

L’équipe initiale part donc à la recherche de compagnons de route et embarque à son bord de nouveaux passagers, motivés, avec un cœur grand comme une pastèque égyptienne et surtout, prêts à tout pour ne pas se laisser dégonfler par les petits cailloux, nids de poule, crevaisons intempestives et autres ennuis qui pourraient entraver son avancée : Astrid, Camille, Madeleine, Sara, Hugo, Netsa.

Il est vrai qu’au départ, c’est un peu la jungle étroite. On avance à tâtons, on fait parfois demi-tour, les sentiers sont sinueux et le terrain instable, mais à force de grandes réunions, de répartitions des tâches et de bonne coordination, notre véhicule trouve un esprit commun au festival, un nom, une salle pour accueillir l’évènement, des subsides et surtout des artistes…

En 10 mois, nous décidons donc d’un commun accord que le véhicule-festival se nommera Emargence, qu’il sera réservé au transport d’artistes défavorisés, vivants ou issus de situations atypiques, mais pas que… Le but étant de mixer, d’installer sur la même banquette un artiste dit “défavorisé” et un autre, dont le parcours serait peut-être plus simplifié.

Et c’est parti : nos conducteurs hors pair désignent la belle salle de La Serre, Rue Gray comme ligne d’arrivée. Célébration prévue pour le 3 novembre 2018 !Un obstacle se dresse sur notre route : comment financer, comment mettre en place tout cela, comment donner un peu d’huile à notre moteur ? Quelques bons coups de pédales, et nous voilà stationnés devant la station essence “subsides Cocof et Loterie Nationale”.

Soit ! On fait le plein, et on remplace le pédalier par un joli moteur ronronnant. Merci à eux, car sans leur soutien, notre calèche de luxe n’aurait pas pu entrer sur l’autoroute.

 

Une fois le péage passé, tout s’enchaîne alors : un appel à projet pour proposer aux artistes de grimper en marche, une sélection, longue, difficile, mais nécessaire, de nombreux arrêts aux stands locations de matériel, paiement des autorisations, des assurances, préparation de la salle, du menu de récompense des vainqueurs et planification de la programmation… Il reste encore quelques kilomètres pour arriver au but.

Fiers de leur trajet, déterminés à arriver au bout, tous nos usagers s’approchent ensemble de la Serre, dans une ambiance joyeuse et festive.

Une seule question subsiste et tourne dans la tête de chacun : y aura-t-il du public pour acclamer nos artistes sur la ligne d’arrivée ? Le sprint final sera-t-il réussi ?

1er novembre, 2 novembre… 3 novembre… Le jour J.

L’excitation et le stress se font sentir dans l’esprit de tous, mais la bonne volonté reste de mise. Nous y sommes presque, voici la ligne droite finale. Soudain, c’est l’éclair, la folie, la fulgurance du moment est telle que nous n’osons pas y croire : avons-nous fait tout cela ? Tous ces gens sont-ils vraiment là pour nous ? Pour eux, pour nos artistes ?

La salle est pleine à craquer, la nourriture est délicieuse, les concerts sont magnifiques, les expositions, un vrai succès, la pièce émouvante à souhait et la projection absorbée sans relâche par des paires d’yeux émerveillés !

Plus de 200 personnes pour admirer Bat Mask, la Zinne, le Pèse-moi-Collectif, Lilie Raphaëlle, Le Centre Impulso de Mons, Odd Verse, le Centre de Vie de Jette, Frezer, We came for Experience et Lola Parrot Lagarenne. Les bénévoles incroyables venus en renfort travaillent sans relâche et la soirée se déroule sans accrocs, sans sortie de route et sans dérapage incontrôlé. Une vraie promenade de santé.

Nous l’avons fait ! Nous avons mené à bout notre projet, amené notre véhicule à bon port et transformé notre petit deux roues à pédales en minibus électrique super puissant.

Alors forcément, on a tous été un peu émus… Certains ont versé une petite larme, d’autres simplement sauté de joie toute la soirée, d’autres encore se sont contentés de sourire bêtement…

Et c’est tout ? On s’arrête là ? L’aventure ne continue pas ?

Hum ! Quelques moments réflexion, une assiette de haricots camerounais et de bananes plantains et la réponse semble évidente: bien sûr que oui, on reprend la route. Il faut transformer notre minibus en TGV !

Un bon petit break pour les fêtes de fin d’années et nous repartirons tranquillement dès le mois de janvier avec de nouveaux projets, de nouveaux artistes et surtout une équipe peut-être élargie de quelques bénévoles en plus… Il va falloir agrandir la banquette arrière… Mais après tout, rien ne nous effraie : plus on est de fous, plus on roule !